Figures provinciales
L’histoire de notre Province a été faite de vies données à Dieu dans le silence. Mais parmi elles, quelques figures remarquables se détachent ; nous en présentons ici quelques unes.
Père Dominique de Saint-Joseph (1799-1870)
Après la Révolution, le retour des Carmes Déchaux en France date de 1839. Il est une des conséquences heureuses des Guerres Carlistes (1834-1839) et des décrets de sécularisation des religieux d’Espagne. Proscrits, 25 carmes déchaux espagnols dont 15 profès de la province de Navarre franchissent les Pyrénées et trouvent refuge dans la région de Bordeaux (1839). L’artisan du regroupement est le Père Dominique de Saint-Joseph (Dominique-Stanislas Arbizu y Munnariz), né le 7 mai 1799 à Puente La Reina en Navarre et entré chez les Carmes en 1817. Il appartenait au couvent de Pampelune lorsque la révolution vint le contraindre à entrer dans la clandestinité pour assumer les fonctions d’aumônier des troupes de Don Carlos, prétendant malheureux au trône d’Espagne. Premier provincial des couvents qu’il a fondés et constitués en Province d’Aquitaine (1855), il passe à Rome en 1859 pour exercer des fonctions importantes et sera élu Général de l’Ordre en 1865. Il meurt en charge le 12 juillet 1870.
Père Marie-Ephrem du Saint-Sacrement (1827-1873)
Le Père Marie-Ephrem du Saint-Sacrement (Lucien Garrelon) est originaire de Casteljaloux (47). Après son ordination sacerdotale pour le diocèse d’Agen, il entre chez les Carmes et fait profession au Broussey en 1855 puis, après avoir exercé plusieurs charges, part en 1859 pour la mission des côtes du Malabar (Inde). De 1859 à 1873, il réside successivement au vicariat de Verapoly, (1860-1867) puis à Mangalore comme vicaire général. En 1867, il est nommé pro-vicaire apostolique de Quilon puis, l’année suivante, vicaire apostolique en titre. Outre son activité apostolique extraordinaire, il prend part aux travaux du Concile du Vatican (1869-70) et prononce un discours remarqué sur l’infaillibilité pontificale. Avant de rentrer en Inde, il supervise l’envoi d’un groupe de carmélites qui vont fonder un monastère à Mangalore. Parmi les moniales se trouve la future Sainte Marie de Jésus-Crucifié (1846-1878). Evêque, il a intensément travaillé au rayonnement de son ordre en Inde en multipliant des fondations de carmes et de carmélites tertiaires, en favorisant aussi la branche des moniales contemplatives de l’Ordre. Il meurt le 10 avril 1873 dans sa ville épiscopale.
Père Lazare de la Croix (1828-1907)
Le père Lazare de la Croix (Jean-Baptiste Bayle) est originaire de Condat (47), fait profession au Broussey en 1858, passe cinq années au couvent de Montpellier (1862-67) puis est envoyé en Inde, à Mangalore, en 1867. Monseigneur Garrelon en fait son Vicaire Général. Il devient le directeur spirituel de Sœur Marie de Jésus-Crucifié et la soutient face à ses détracteurs. Cette relation privilégiée prend fin rapidement. Le 21 janvier 1872, le Père Lazare quitte Mangalore pour une nouvelle obédience à Mahé. En 1873, le Père Lazare rentre en France et sera rattaché au couvent de Montpellier jusqu’à sa mort. Il y exerce la fonction de prieur de 1876 à 1882, pendant la période délicate des premières expulsions. Il sera aussi et surtout l’âme du couvent à partir de 1901 car il ne part pas en exil et reste sur place pour garder son couvent vidé de ses religieux. A sa mort, le 4 janvier 1907, Monseigneur de Cabrières (1830 -1921), évêque de Montpellier de 1874 à 1921 et cardinal (1911) rendra un vibrant hommage au directeur spirituel qu’il venait de perdre, soulignant son courage et sa ténacité en cette dure période de persécution religieuse.
Père Augustin-Marie du Très Saint Sacrement (Hermann Cohen 1820-1871)
Issu d’une famille juive, il naquit à Hambourg le 10 novembre 1820 et manifesta très tôt ses dispositions pour le piano. Devenu disciple de Franz Liszt à Paris, il le suivit dans ses tournées et ses errances. Mais en 1847, le Seigneur vint toucher son cœur dans une église parisienne au cours du salut du Saint Sacrement.
Il reçut le baptême le 28 août de la même année. Rempli du zèle des convertis, il instaura avec des amis l’Adoration nocturne pour les hommes. Celle-ci débuta le 6 décembre 1848 à Notre Dame des Victoires. La grâce travaillait en lui, et il rejoignit l’ordre du Carmel en 1849. Dès lors ce fut une vie de prédications et de fondations (Bagnères, Lyon, Londres). Quand la guerre franco-prussienne survint, il préféra s’exiler en Suisse. De là, le pasteur zélé se rendit à Berlin pour soutenir les soldats français prisonniers. Il contracta la variole au contact d’un malade et mourut le 20 janvier 1871.
Ces restes reposent désormais dans la chapelle du Broussey. Sa cause de béatification a été introduite en 2016.