Oraison
Dieu appelle inlassablement chaque personne à la rencontre mystérieuse avec Lui. (CEC 2591)
Qu’est-ce que l’oraison ? Sainte Thérèse [d’Avila] répond : « L’oraison mentale n’est, à mon avis, qu’un entretien intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé » (Vie 8). (Catéchisme de l’Église Catholique, 2709)
Il faut savoir avant tout que si l’âme cherche Dieu, son Bien-Aimé, qui est Dieu, la cherche elle-même avec infiniment plus d’amour. (Saint Jean de la Croix)
Il n’est pas nécessaire d’être toujours à l’église pour être avec Dieu ; nous pouvons faire de notre cœur un oratoire dans lequel nous nous retirons de temps en temps pour nous y entretenir avec lui, doucement, humblement et amoureusement. Tout le monde est capable de ces entretiens familiers avec Dieu, les uns plus, les autres moins : il sait ce que nous pouvons. Commençons, peut-être n’attend-il de nous qu’une généreuse résolution. (Laurent de la Résurrection)
Pour moi, la prière c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie. (Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus de la Sainte Face)
1. Se préparer : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. (Jn 14,23)
Mettre ma vie au diapason de mon désir de prière : lire l’Évangile, ne pas regarder n’importe quoi, penser à Dieu dans la journée, vivre avec régularité et attention les sacrements de l’Église…
Choisir avec soin le lieu, le moment et la durée de mon oraison :
Où : un lieu précis, et propice au recueillement, silencieux et beau.
Quand : tous les jours. Dans ma journée, il n’y a rien de plus important que rencontrer Jésus, même si c’est peu de temps. Donc c’est ce que je mets en premier dans ma journée. L’expérience montre que le matin est le mieux en général.
Combien de temps : pour que ma volonté et mon intelligence soient réellement engagées, et aillent au-delà des fantaisies de mon affectivité, de mes humeurs, il est indispensable de choisir combien de temps je fais oraison. Il est important de tenir son temps sans le réduire et sans le dépasser. Avec discernement je peux décider d’augmenter la durée mais le but c’est de tenir sur le long terme.
Ce qui est important c’est de tenir fidèlement ce rendez-vous. Et si je le rate, même plusieurs fois, j’y retourne avec confiance : Dieu est là, toujours présent, et m’attend.
2. Entrer : Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret. (Mt 6,6)
La position est importante : assez confortable pour ne pas y penser tout le temps, et pas trop confortable pour ne pas m’endormir.
Il est toujours bon d’avoir sa propre liturgie personnelle, pour entrer et sortir de l’oraison. Commencer par un beau signe de croix.
C’est l’Esprit Saint qui nous apprend à prier (Rm 8, 26). Il est donc recommandé de l’appeler par une petite prière, toujours la même. Par exemple :
Viens, Esprit Saint, viens en nos cœurs et envoie du haut du Ciel un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort.
Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.
À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.
Esprit de crainte de Dieu, Esprit de sagesse et d’intelligence,
Esprit de conseil et de force, Esprit de science et de piété.
Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen
Un acte de foi : de forme libre, personnelle. Par exemple : « Jésus je crois en toi, à ta présence vivante et proche » ; « Mon Dieu je crois en vous, je vous adore, j’espère en vous et je vous aime » ; « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » (Mc 9, 24)
Un petit examen de conscience, pour se mettre humblement en sa présence : qui je suis moi, en face de ce Dieu si grand, mon créateur et sauveur. : O Dieu, prends en pitié le pécheur que je suis ! (Lc 18,13 )
3. Pour durer : Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est ardent, mais la chair est faible. (Mt 26, 41)
Mettre une alarme de fin pour éviter de regarder sa montre toutes les deux minutes. Éventuellement, prendre un papier/stylo : si je pense à quelque chose d’important que j’ai peur d’oublier je le note et je reviens à mon oraison.
Contre les distractions : Partir à la chasse des distractions serait tomber dans leurs pièges, alors qu’il suffit de revenir à notre cœur. (Catéchisme de l’Église Catholique 2729) Utiliser les distractions comme des tremplins : si je pense à telle personne, à telle situation, je prie pour elle je la confie à Jésus. Pour retourner au Christ, refaire un acte de foi en la présence personnelle et vivante de Dieu en moi, avec moi.
Une prière toute simple et répétée réussit à beaucoup de personnes : répéter le nom de Jésus, ou une petite prière que j’aime : « Seigneur Jésus, fils de Dieu Sauveur, prends pitié de moi pécheur » ; « Jésus doux et humble de cœur rend mon cœur semblable au tien ».
Ou encore prier lentement le Notre Père, en s’arrêtant sur chaque demande.
Passer par l’humanité du Christ. Par exemple, dans un petit passage d’Évangile, le regarder l’écouter. Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! (Mt 17,5)
Rendez-le vivant par la foi, pensez qu’il demeure en votre âme et tenez-lui compagnie. C’est bien consolant, n’est-ce pas, de penser que Celui qui doit nous juger habite en nous pour nous sauver tout le temps de nos misères et pour nous les pardonner. (Sainte Élisabeth de la Trinité)
4. Conclure : Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. (Mt 28,20)
Ne pas juger la qualité de son oraison. L’essentiel de ce qu’elle est est invisible aux yeux, difficile à appréhender.
Attention ! L’oraison ne vise pas mon bien-être, elle vise mon union avec le Seigneur.
Être certain qu’elle est une relation transformante. Par le recueillement et l’accueil de la présence de Dieu je laisse le Divin Jardinier cultiver le jardin qu’est mon âme. Cette amitié enrichit, car l’amour de Dieu est toujours diffusif. De même qu’on ne peut plonger sa main dans l’eau sans se mouiller, ou dans un brasier sans se brûler, de même au contact de l’Amour, de Jésus, de son Cœur, il me reste quelque chose, mon âme en est imprégnée sans que j’en sente toujours les effets immédiatement.
Faire une action de grâce, un remerciement. Et penser à un point d’effort pour ma vie quotidienne ou mon oraison, simple et réaliste… Par exemple : pour une vie plus recueillie, passer une journée sans internet. On prie comme on vit, parce qu’on vit comme on prie. (Catéchisme de l’Église Catholique 2752)
Se remettre entre les mains de Marie :
Sous votre protection, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu, accueillez les prières que nous vous adressons dans le besoin, et délivrez-nous de tout danger.
5. Quelques citations des saints du carmel
Je ne vous demande pas pour le moment de penser à lui, ni de beaucoup raisonner, ni d’appliquer votre entendement à de grandes et délicates considérations ; je ne vous demande que de le regarder. Car qui vous empêche de tourner les yeux de l’âme, ne serait-ce qu’un instant, si vous ne pouvez-vous y arrêter plus longuement, vers ce Seigneur ? Vous pouvez regarder des choses très laides, et vous ne pourriez pas regarder la chose la plus belle qu’on puisse imaginer ? Car jamais, mes filles, votre Époux ne vous quitte des yeux, il a supporté de votre part mille laideurs et abominations contre Lui, et cela n’a pas suffi à détourner son regard ; est-ce beaucoup vous demander que de perdre de vue ces choses extérieures pour le regarder, lui, de temps en temps ? Considérez, comme il le dit à l’Épouse, qu’il n’attend que cela, que nous le regardions ; quand vous le voudrez, vous le trouverez. Il tient tant à ce que nous le regardions souvent qu’il ne manque pas de nous y aider. (Sainte Thérèse d’Avila, Chemin de perfection V, 26, 3)
Il faut remarquer ici, pour trouver cet Époux autant qu’on le peut en cette vie, que le Verbe, en union avec le Père et le Saint-Esprit, réside essentiellement au plus intime de l’âme où il se cache. Aussi l’âme qui doit le trouver par union d’amour doit détacher sa volonté de toutes les choses créées, entrer dans un profond recueillement au fond d’elle-même, et là, entretenir des rapports pleins d’affection et d’amour avec Dieu, en considérant le monde entier comme s’il n’existait pas. Voilà pourquoi saint Augustin, s’adressant à Dieu dans ses Soliloques, lui dit : « Seigneur, je ne vous ai point trouvé en dehors de moi ; c’est que je vous cherchais mal au dehors, puisque vous êtes en moi ». Dieu est donc caché dans l’âme, et c’est là que le vrai contemplatif doit le chercher. (Saint Jean de la Croix, Cantique Spirituel A, 1)
Tu sais maintenant, chère âme, ce que tu as à faire pour trouver l’Époux dans la retraite de ton cœur. Si cependant tu désires quelque chose de plus, écoute une parole substantielle, une vérité inaccessible à l’entendement humain. Cherche ton Époux dans la foi et l’amour, sans prendre en rien ta jouissance, sans rien goûter, sans rien entendre au-delà de ce que tu dois savoir. La foi et l’amour sont les deux conducteurs d’aveugle qui te mèneront, par des chemins inconnus de toi, jusqu’aux secrets abîmes de Dieu. La foi, ce secret dont nous avons parlé, joue le rôle des pieds qui portent l’âme vers Dieu ; l’amour est le guide qui lui montre la route. (Saint Jean de la Croix, Cantique Spirituel B, 1,11)
Ô mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l’éternité. Que rien ne puisse troubler ma paix, ni me faire sortir de vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m’emporte plus loin dans la profondeur de votre Mystère. Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toute livrée à votre Action créatrice. Ô mon Christ aimé, crucifié par amour, je voudrais être une épouse pour votre Cœur, je voudrais vous couvrir de gloire, je voudrais vous aimer… jusqu’à en mourir ! Mais je sens mon impuissance et je vous demande de me « revêtir de vous-même », d’identifier mon âme à tous les mouvements de votre âme, de me submerger, de m’envahir, de vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu’un rayonnement de votre Vie. Venez en moi comme Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur. (Sainte Élisabeth de la Trinité)
Regarde Jésus dans sa Face… Là tu verras comme Il nous aime. (Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face)